Séparer les races
segregation aux USA
separation des races aux USA

Tant pis si, là-bas, au fin fond de Dixieland6, on interdit aux illettrés de voter, si, avant de laisser un citoyen accéder aux urnes, on l'interroge sur sa compréhension de la Constitution, si de bons esprits terrorisent les Noirs qui, malgré tout, tenteraient de venir exprimer leurs opinions politiques, si l'on déplace au dernier moment les bureaux de vote sans en avertir les électeurs noirs.
Trucages et discriminations sont alors les deux mamelles de la vie politique dans le Sud. La Louisiane imagine même d'inscrire dans sa Constitution la « clause du grand-père », qui supprime le droit de vote pour ceux dont l'aïeul ne votait pas — ce qui est le cas, bien sûr, pour les fils et petits-fils d'esclaves. Le corps électoral de l'État tombe de 130 344 en 1896 à 5 320 en 1900.

La reconstruction prend fin officiellement en 1877 avec le retrait des troupes fédérales qui occupaient les États du Sud, en fait dès les années 18731875. Les esclavagistes recouvrent leur liberté de manoeuvre. Ils ne demandent pas que les Noirs retombent en esclavage. Mais ils généralisent des pratiques, jusque-là exceptionnelles, qu'on désigne par le terme de ségrégations. Celle-ci revient à séparer les races. Elles coexistent ; elles ne vivent pas ensemble. La séparation physique vaut pour tous les moments de la vie, et aussi pour la mort. Elle entraîne une profonde inégalité qui, jour après jour, creuse le fossé entre les Noirs et les Blancs. Certes, dans un premier temps, la plupart des Américains n'y prennent pas garde. C'est l'affaire du Sud.

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